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الجمعة، 30 سبتمبر 2011
De Lampedusa à Sidi Bouzid : «Nous sommes tous des clandestins»
L'Auteur
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À entendre ces accusations, personne au port n’a pu rester indifférent. Qui des tunisiens n’a pas un ami, un proche ou une connaissance qui n’a pas brulé ?! Qui ne connait pas un «brûleur» qui l’a échappé belle ou un autre qui a trouvé la mort en pleine mer ?!! Personne.«Le parcours était dur» confirme une militante qui ajoute «c’est avec honte et effarement, que nous avons découvert la nonchalance de notre pays au respect des droits les plus fondamentaux de l’être humain». En effet, selon ces italiens, l’Etat de leur pays fourni peu ou pas du tout une assistance médicale, psychologique et même alimentaire pour ses visiteurs «imprévus».
Rappelons qu’avant deux jours de l’arrivée de ce groupe, Lampedusa était, encore une fois, le théâtre de tensions et de manifestations de la part des immigrés et des réfugiés. Cette fois, trois locaux ont été brulé par un immigré tunisien et des centaines ont scandé des slogans de liberté pour protester contre les conditions de rétention misérables et la lenteur du transfert vers d’autres centres moins surpeuplés.
Depuis le début de l’année, 50.403 immigrés (45.090 hommes, 2.608 femmes et 2.705 mineurs) sont arrivés à Lampedusa. Malgré les rappels des ONG locaux et internationaux des lois italiennes et des conventions internationales qui obligent l’Italie à mieux traiter ses hôtes, l’Italie continue à évacuer massivement les tunisiens.
Sur l’autre rive, un lourd silence pèse sur l’affaire. La Tunisie est divisée en deux, une partie qui a honte de ses compatriotes « criminels » parce qu’ils forcent les frontières « légales ». et une autre partie qui rêve « clandestinement » de faire le voyage sans le visa inaccessible et les sommes d’argent colossales imposées par l’Europe. Le gouvernement provisoire, lui, s’est limité à la signature d’une convention qui autorise l’Italie à expatrier tous les tunisiens immigrants avec le moindre coût.
a déclaré un activiste d’origine africaine. Il y a des dizaines d’années, cet activiste était à son tour un petit clandestin, avant de s’installer en France puis en Italie et de fonder une famille. A l’époque, il est passé de l’Afrique Centrale à la Tunisie, puis aux rives du Nord. Aujourd’hui, il refait le chemin à l’envers parce qu’il croit en « la révolution tunisienne qui rêve d’un monde meilleur basé sur la dignité et la liberté. »Sous ce même silence des médias et des instances de droits de l’homme en Tunisie, ce groupe d’activistes italiens est venu avec le slogan « Nous somme tous des clandestins ». « Nous somme ici pour vous dire que nous sommes solidaires et pour dire au monde entier que y ‘en a marre de la politique qui vole les richesses du Sud et interdit, au même temps ses gens de vivre ou de rêver.»
Le soutien du groupe est arrivé jusqu’à Sidi Bouzid où il a rencontré les familles des clandestins « 7araga ». La journée s’est passée entre condoléances, soutiens, et échanges … le soir, tout le monde s’est réuni dans un concert de rap pour fêter la résistance et l’égalité.
A notre tour, nous nous sommes dirigés, dimanche, vers Sidi Bouzid. Le but n’était pas de voir si les choses ont changé mais d’essayer de comprendre comment ou plutôt pourquoi des jeunes qui ont fait la première révolution du monde arabe risquent la mort en plein méditerranée. Sidi Bouzid, La ville qui a allumé la première flamme du printemps arabe fait le deuil de ses jeunes même après le 14 janvier. «Certains choisissent de brûler, d’autres se droguent et d’autres se suicident par désespoir» nous affirme une mère de famille après un long soupir.
La ville, décrite dans les guides touristiques, comme la ville la plus morose en Tunisie, reste fidèle à sa réputation. Sans infrastructures, ni éducation, ni encadrement social, les jeunes de la ville sont délivrés au chômage, à la drogue et au désespoir.
Omm Fédi, travaille occasionnellement comme femme de ménage. Elle est mère de trois enfants et divorcée depuis quelques années. Elle nous a accueilli dans un petit garage où elle vit sans électricité ni eau. Omm Fédi bénéficie, comme plusieurs à Sidi Bouzid, d’une bourse mensuelle qui ne dépasse pas 70 dinars (35 euros). Son ex-mari, serveurs dans un café populaire et père d’une deuxième famille nombreuse a arrêté d’envoyer le mandat mensuel depuis le 14 Janvier. «Il s’est endetté d’une somme de 1.600 dinars (800 euros) pour aider notre fils Fédi à brûler.» explique Omm Fédi qui ne sent aucune rancune envers son ex-mari.Pas loin du centre ville, où le feu Mohamed Bouazizi s’est immolé, nous avons rencontré « Omm Fadi », la mère d’un enfant de 15 ans qui a brûlé en mois de février 2011 vers Lempadusa. «Je n’étais pas au courant de son départ. Il était au collège, il aimait le football et rêvait de devenir un grand joueur du foot … mais nous n’avions ni argent ni piston pour qu’il réalise ses projets» explique Omm Fédi en étouffant ses larmes. «Tout le monde l’aime dans le quartier. Il était calme et respectueux et malgré notre pauvreté il avait toujours la tête haute» a-t-elle ajouté.
Maintenant, Omm Fédi attend les nouvelles de son fils qui par un coup de chance, a réussi à échapper à Lempadusa et ses prisons. Ses amis qui ont brûlé avec lui, dans le même navire sont aujourd’hui traités de «criminels» par les autorités italiennes et même par leurs compatriotes. Ceux qui ont tenté leur chance juste après son départ, ont trouvé la mort dans une tempête.Omm Fédi ne regrette pas le départ de son fils. «Je pleure parce qu’il me manque et parce que j’ai peur pour lui. Mais, je ne le regrette pas ! je l’ai vu sur Internet (via Skype), il a pris du poids, il est en bonne santé, il apprend à parler italien et il suit des études pour devenir un éducateur physique.» explique Omm fadi avant d’ajouter «malgré son éducation, Fédi n’a pas pu résister à la drogue. Vous voyez notre quartier ? Tout le monde ici consomme ces poisons … jour et nuit… hommes et femmes … vieux et jeunes… ».
Henda Hendoud
Le Premier ministre tunisien n'exclut pas un report des élections législatives
Le Premier ministre tunisien n'exclut pas un report des élections législatives
Sur la moto, un manifestant arrêté par des policiers en civil à Tunis le 8 mai 2011.
REUTERS/Zoubeir Souissi
Par RFIPour le quatrième jour consécutif, hier dimanche, de violentes échauffourées se sont déroulées dans les rues de Tunis entre manifestants et forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. De plus en plus de voix s'élèvent pour douter de la bonne foi du gouvernement de transition et demander sa démission. Samedi soir, les autorités ont rétabli un couvre-feu dans la capitale et sa banlieue, et hier soir à la télévision tunisienne, le Premier ministre n'a pas exclu un éventuel report des élections législatives du 24 juillet en cas de force majeure.
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Des propos qui ne vont pas rassurer les manifestants qui depuis jeudi descendent dans la rue pour demander la démission du gouvernement, soupçonné de ne pas vouloir tenir ses promesses de démocratisation du pays.
En jeu, ces élections du 24 juillet qui doivent élire une assemblée constituante qui sera chargée de rédiger une nouvelle Constitution tunisienne.
Réflexes autoritaires
Selon Farhat Rajhi, l'ancien ministre de l'Intérieur, « les gens qui gouvernent la Tunisie depuis l'indépendance sont prêts à garder le pouvoir par la force en cas de victoire des islamistes d'Ennahda le 24 juillet ». Ces paroles, tenues sur Facebook, lui ont valu d'être limogé de la direction du Haut comité des droits de l'homme. Hier soir, le Premier ministre a jugé qu'il méritait des poursuites judiciaires.
الخميس، 29 سبتمبر 2011
assis à regarder le coeur qui déraille
Parole de Le Feu Initial:
Le malin plaisir que l'on prend à se faire du mal
A jouer son coeur à l'épreuve des balles
Comme si on devait toujours s'aimer à en mourir
Il y a une autre histoire à écrire
[Refrain:
Vivre de lumière
Du feu initial
Retrouver l'origine
Remonter la rivière
Stopper le mal
Le mal à la racine
Retrouver la flamme
Le feu initial
Renaitre de nos cendres
Abreuver nos âmes
Aux sources vitales
Ne jamais redescendre]
Le malin plaisir que l'on prend à trouver nos failles
Assis à regarder le coeur qui déraille
Mais si l'amour nous rend plus fort il brisera les fer
Qui nous sépare de l'ombre à la lumière
[Refrain]
Avant qu'il ne soit trop tard
Avant de se faire peur
Il faudra qu'on se sépare
Du démon intérieur
Vivre de lumière
Du feu initial
Retrouver l'origine
Remonter la rivière
Stopper le mal
Le mal à la racine (x3)
(Merci à Chloé pour cettes paroles)
A jouer son coeur à l'épreuve des balles
Comme si on devait toujours s'aimer à en mourir
Il y a une autre histoire à écrire
[Refrain:
Vivre de lumière
Du feu initial
Retrouver l'origine
Remonter la rivière
Stopper le mal
Le mal à la racine
Retrouver la flamme
Le feu initial
Renaitre de nos cendres
Abreuver nos âmes
Aux sources vitales
Ne jamais redescendre]
Le malin plaisir que l'on prend à trouver nos failles
Assis à regarder le coeur qui déraille
Mais si l'amour nous rend plus fort il brisera les fer
Qui nous sépare de l'ombre à la lumière
[Refrain]
Avant qu'il ne soit trop tard
Avant de se faire peur
Il faudra qu'on se sépare
Du démon intérieur
Vivre de lumière
Du feu initial
Retrouver l'origine
Remonter la rivière
Stopper le mal
Le mal à la racine (x3)
(Merci à Chloé pour cettes paroles)
[ Ces sont Le Feu Initial Paroles sur http://www.parolesmania.com/ ]
الأربعاء، 28 سبتمبر 2011
برنامج مهرجان الشعر العربي الحديث بالجريد الدورة 31
الدورة 31
الشعر الثورة
أيّام : 07 – 08 – 09 أكتوبر 2011
الجمعة 07 أكتوبر 2011
09:30 : الافتتاح بنزل المرادي توزر
- افتتاح المعارض :
- · معرض وثائقي لأدباء و كتاب الجريد.
- · معرض وثائقي بصري يوثق للدورات السابقة.
- · معرض تشكيلي من انجاز المنوبي المازق.
- · لوحة عملاقة لصور الرموز الثورية في العالم.
- كلمة السيد المندوب الجهوي للثقافة بتوزر.
- كلمة السيد رئيس فرع اتحاد الكتاب التونسيين بتوزر.
- كلمة منسّق الدّورة.
10:00 : قراءات شعريّة:
- شيخ شعراء توزر مسعي لتوزري
- أحمد فؤاد نجم (مصر)
- وفاء عبد الرزاق (العراق)
10:45 : استراحة
11:00 : الجلسة العلمية الأولى.
الرئيس : الدكتور محمد الغزالي.
المقرر : الأستاذ محمد بوحوش.
شعر الشابي و تجاوز السياق للأستاذ حمادي صمود.
11:45 : نقاش.
13:00 : غــذاء
15:00 : زيارة إلى روضة الشاعر مصطفى خريف بنفطة.
- أمسية شعرية بالروضة وجولة بالمعالم السياحيّة و التراثية بمدينة نفطة.
20:00 : عشاء و سهرة شعرية تتخلّلها وصلات موسيقية تحييها فرقة المألوف الحهوية (نزل ألمرادي توزر).
السبت 08 أكتوبر 2011
09:00 : زيارة إلى ضريح الشابي.
09:15 : الجلسة العلمية الثانية (بدار الثقافة الشابي توزر).
الرئيس : الأستاذ خالد الوغلاني.
المقرر : الأستاذ شفيق الطارقي.
- معاني الثورة و ثورة المعاني في شعر الشابي للأستاذ محمد آية ميهوب.
- الحرية لحن الحياة الخالد في شعر الشابي للأستاذ جمال الدين دراويل.
نقاش.
10:15 : استراحة.
10:30 : قراءات شعرية.
13:00 : غــداء.
16:00 : جولة بالمعالم السياحية و التراثية بمدينة توزر.
20:00 : عشاء (نزل المرادي بتوزر).
21:00 : سهرة شعرية بنزل المرادي توزر.
الأحد 09 أكتوبر 2011
09:00 : الجلسة العلميّة الثالثة.
الرئيس: جمال الدين دراويل.
المقرر: الأستاذ أحمد مباركي.
- الشعر و الثورة للكاتب الشاذلي السّاكر.
- الحجاج في شعر طلبة الآداب منوبة للأستاذ غز الدين الناجح.
نقاش.
10:00 : قراءات شعرية لمؤسسي المهرجان.
( الصادق شرف – محمد علي الهاني – لمين الشريف – احميدة الصولي ).
11:00 : اختتام المهرجان و تكريم مؤسسيه و ضيوفه.
( وسيتمّ غدا الإعلان عن ضيوف المهرجان من تونس والدول العربيّة الشقيقة )
Lina ben Mhenni, l’âme de la révolution tunisienne
La blogueuse engagée contre le régime de Ben Ali depuis 2007 souhaite rester un électron libre aujourd'hui.
592 |
Lina ben Mhenni est l’une des figures de la révolution du Jasmin. Son blog, “A Tunisian Girl”, a permis de faire connaître la répression féroce du régime de Ben Ali. Après l’immolation de Mohammed Bouazizi, elle se rend sur place, prend des photos, recueille des témoignages, alors que peu deTunisiens ont encore entendu parler de la révolte qui gronde.
Elle informe la presse internationale, des milliers de personnes se connectent rapidement sur son blog. Elle veut tirer les leçons de la révolte dans le bassin minier de Gafsa, qui a été étouffée en 2008.
La jeune femme de 28 ans n’a cependant pas attendu le “printemps arabe” pour s’engager : elle tient son blog depuis 2007, rencontre des opposants, fait campagne pour la libération d’étudiants détenus pour leurs activités syndicales… Elle est constamment traquée par la police politique.
Très courtisée depuis le départ de Ben Ali, la blogueuse participe à l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication, avant de jeter l’éponge le 27 mai. “Je suis un électron libre et je ne souhaite pas entrer dans un gouvernement, explique Lina. Je pense que je peux être beaucoup plus utile ailleurs.”
Professeur d’anglais, elle voyage beaucoup ces derniers mois pour raconter son expérience dans la révolution du Jasmin. Elle vient de publier Tunisian Girl, aux éditions Indigènes. Malgré certaines déceptions après le départ de Ben Ali, elle reste positive : “Tant que les Tunisiens continueront à se battre pour leur pays, je serai optimiste.”
quand les pauvres vivent dans un cimetière ...
À Manille, les plus pauvres vivent dans un cimetière
Mots clés : Squatters, Cimetière, Pauvreté, PHILIPPINES, MANILLE
Par Florence CompainPublié Réactions (31)
Des enfants jouent dans le cimetière catholique de Navotas, situé dans le nord de la capitale Manille, où les plus démunis cohabitent avec les morts. Crédits photo : ASSOCIATED PRESSREPORTAGE - Plus d'un tiers des Philippins vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les plus abandonnés adossent leur malheur aux sépultures.
De notre envoyée spéciale à Manille
Ce sont les «feux follets du cimetière». Un joli nom pour une hideuse réalité: des gamins crasseux qui surgissent du dédale des tombes empilées comme des conteneurs et galopent dans les immondices.
À Navotas, une des villes satellites constituant la flaque urbaine de Manille, six cents familles ont trouvé refuge dans le cimetière municipal et s'entassent dans des baraques brinquebalantes adossées aux sépultures. L'expansion économique relativement solide des Philippines est rognée par l'une des plus fortes croissances démographiques de la planète (2,3%): plus d'un tiers des 94 millions d'habitants se retrouvent sous le seuil de pauvreté. Et les plus démunis cohabitent avec les morts.
Caveau aménagé
Ainsi va la vie dans ce cimetière des faubourgs nord de la capitale, qui sentent la saumure de poisson et la pâte de crevette: les diseuses de prières viennent le lundi allumer des cierges et égrainer leur chapelet au milieu des cris d'enfants, de la musique, du linge qui sèche entre les croix et des braseros sur lesquels mijotent les maigres ragoûts. Les «feux follets» de Navotas deviendront des hoodlum, des gangsters au couteau facile. En attendant, ils écrasent les cafards. «Sur les grands, la mort craque, sur les petits, elle reste muette», s'amuse Emmanuel, 8 ans, qui trimbale par la patte un chaton famélique entre la vie et la mort. Ils tentent de faire décoller des petits cerfs-volants en sautant de tombe en tombe, et jouent au kara y kruz, «pile ou face», avec des pièces de 1 peso, à l'ombre d'une madone qui lève les yeux au ciel.
Ceux qui se sont déjà taillé une place dans un gang, les cheveux pris en masse dans une pâte décolorante, s'esclaffent devant des clips idiots au fond d'un caveau aménagé en salle de juke-box. Ou friment autour d'un billard dont les pieds sont calés sur des plaques mortuaires. Au bout d'une allée, un maigrichon en haillons extirpe un crâne d'une boue nauséabonde. Fier de sa trouvaille, qu'il fiche au bout d'un bambou, il court après les filles pour les effrayer. «Il se prend pour un multo», rigole Emmanuel, le tueur de cafards. Un fantôme issu du folklore philippin censé hanter le monde des vivants pour se venger. «Tous les cinq ans, les corps sont extraits des tombes faute d'espace», explique Adelina Santos, jeune mère de quatre enfants, qui tient la «tombe épicerie» ravitaillant les résidents. Les enfants sont devenus incollables sur le squelette humain.
«Nous n'avons rien à dire, rien à montrer»
Arpenter les allées du cimetière-bidonville est une plongée au cœur de la misère la plus absolue. La «cour des miracles» vaque à ses obsessions. Un pauvre hère aux dents déchaussées réclame une cigarette. Les pieds nus et la robe déchirée, une jeune fille ivre de gin titube, emportée par son ventre rond d'une grossesse avancée. Torse nu, un homme serre amoureusement son coq de combat contre sa poitrine en attendant une gloire impossible. Un borgne répète en boucle qu'«ici, on allaite et on s'aime debout, adossés aux pierres tombales», puis rit à gorge déployée. Au fond d'une alvéole en attente d'un cercueil, un enfant à la tête grise et aux yeux hébétés gonfle de son souffle le sac en plastique qu'il tient contre sa bouche, avant d'aspirer l'air, chargé du solvant industriel vendu pour décaper les sols.
À Navotas, les histoires se chevauchent. Les larcins au marché aux poissons, le solvant, les passes pour se payer ses cahiers et ses livres de classe. Les fils morts poignardés dans des rixes, les filles engrossées. Et un avenir qu'on n'ose même plus envisager.
Femmes vampires
Dans le baldaquin de pierre abritant un certain Perez, mort en 2007, «avec le fantôme duquel elle s'est accommodée», Charita Agda, 62 ans, se désole: «Nous n'avons rien, rien à dire, rien à montrer.» Elle tente de réveiller du pied une masse inerte, son mari, Roberto. Il finit par émerger. Les yeux mi-clos, il se ressert une rasade de rhum trouble. «J'attends que Dieu me rappelle à lui», grogne-t-il, avant de se rendormir.
«La nuit, tout devient si étrange», raconte Charita la superstitieuse, qui parvient difficilement à gagner 150 pesos par jour en vendant du poisson. Mais l'écoute attentive de chaque bruit confond la peur, assure-t-elle. Il y a les hurlements des fantômes, les lourds battements d'ailes des aswang, ces femmes vampires et sorcières à la fois, les crissements des mananangal, ces mangeuses de fœtus qui éviscèrent leurs victimes. Dans ce pays où l'imaginaire vagabonde facilement, les histoires les plus effrayantes courent d'une cabane à l'autre. Et tous serrent dans leur poing un sel salvateur, censé provoquer de graves brûlures chez ces êtres maléfiques que ces misérables s'imaginent condamnés à côtoyer au quotidien.
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